Ce Samedi 30 Novembre 2019, nous nous sommes rendus au tout dernier événement dans le cadre de la 6ème édition du Festival Couleur Café : le concert de Meiway et Tiken Jah Fakoly à l’Alhambra à Genève (GE, Suisse) !
Le Festival Couleur Café était donc de retour pour une 6ème édition dans la ville de Genève, avec du 20 au 30 novembre plusieurs concerts et activités autour de l’Afrique dans différents lieux de la ville. Concerts, danse, exposition, mode, tables rondes, spectacle, cinéma… De quoi (re)découvrir la culture africaine sous tous les angles et toutes les couleurs !
Afin de clôturer cette édition en beauté, le festival avait misé gros avec au programme deux grands chanteurs originaires de Côte d’Ivoire, Meiway et Tiken Jah Fakoly, pour un concert dans la si jolie salle de l’Alhambra.
Il est 20h quand le directeur du Festival prend la parole depuis la scène pour remercier les différents partenaires de l’évènement, les techniciens de la salle mais aussi toutes les personnes grâce à qui de tels concerts sont possibles. Après une petite présentation des deux artistes à venir qu’il est fier d’avoir pu proposer aux festivaliers, il laisse place à la musique !
C’est Meiway qui ouvrira le bal ce soir, et le chanteur débarque sur la scène avec une grande classe accompagné de cinq musiciens et deux choristes. C’est une totale découverte pour nous, et c’est d’ailleurs sa toute première date en Suisse !
Dès le premier morceau sa superbe voix nous transport instantanément sur des sons typiques africains dansants et pleins de bonnes énergies. Son sourire est d’ailleurs très contagieux et ça fait un bien fou d’oublier tout le train-train quotidien et de se laisser aller…
Très vite, le chanteur est également rejoint par deux danseuses qui donnent le pas et nous donnent encore plus envie de se déhancher sur cette musique si rythmée ! Et le chanteur se joint d’ailleurs à elles pour quelques pas de danse, toujours avec classe et une sacrée dose d’énergie, dont un beau coupé-décalé sur le titre ‘Voila String’ extrait de l’album « Golgotha » (2004).
On entendra également ‘Couvre-Feu’ en featuring avec Black Kent sur l’album « Professeur (M23) » sorti en 2012 ou encore ‘DJ Tassouman’ issu de « Golgotha » (2004). Le public est vraiment cosmopolite, avec évidemment de nombreux africains mais pas que, tous réunis pour danser et passer un superbe moment, et c’est mission réussie !
Outre ces titres festifs, Meiway passe aussi au travers de ses chansons des messages qui lui tiennent à coeur. C’est le cas avec le titre suivant dédié à tous les orphelins, ayant lui même perdu ses parents, et cette démonstration de soutien face à une situation pas facile va droit au coeur des festivaliers. Ainsi, sur ‘M’mapa’ signifiant « Mon Père » que l’on retrouve sur l’album « Ayiebou » datant de 1989, l’artiste s’assiéra en bord de scène, au plus proche de son public, à leur prendre les mains… Un très joli moment empli d’émotions.
Puis, l’ambiance dansante revient très vite avec cette fois-ci le titre ‘300% Zoblazo’ (« Jamais 203 », 1993) qu’il dédicace aux femmes présentes ce soir, et plus particulièrement celles possédant un « postérieur intelligent »… On vous laisse deviner ce que cela signifie !
Finalement sur son dernier morceau, l’artiste poussera l’ambiance à son maximum dans la salle de l’Alhambra, chantant depuis le public et dansant au milieu d’une ronde humaine qu’il a initiée. Outre sa voix et ses musiques, sa proximité avec son public, sa générosité et son sens de l’humour le rendent unique et semblent avoir totalement conquis le public !
Après une entracte d’une 30aine de minutes histoire de se désaltérer ou bien de déguster quelques spécialités au petit bar de la salle, puis nous revoici devant la scène pour le prochain artiste visiblement très attendu…
Après une introduction musicale de ses musiciens et de ses deux choristes tous vêtus aux couleurs de l’Afrique, Tiken Jah Fakoly débarque sur la scène en grand boubou en interprétant le titre ‘Discrimination’ extrait de l’album « Cours d’histoire » sorti en 1999, avec cette voix unique, grave et puissante, que l’on aime tant et qui nous embarque directement. Ce titre au texte important annonce parfaitement la couleur, puisque l’artiste est connu pour ses messages engagés, n’hésitant pas à dénoncer la politique entre autre.
Parmi ces messages, nombreux sont ceux qui racontent l’Histoire de son pays d’origine, l’Afrique, et des nombreuses injustices qui s’y passent. C’est notamment le sujet de ‘Africa’ (« Françafrique », 2002), ‘Tonton d’America’ ou encore ‘Plus rien ne m’étonne’ (« Coup de Gueule », 2004). Des titres datant de plus de 15 ans mais toujours autant d’actualité et qui, chantés en Europe et aujourd’hui en Suisse, prennent tout leur sens puisqu’ils contribuent à informer le monde entier sur ces situations dont on ne parle jamais à la télévision !
Outre les dénonciations, Tiken Jah Fakoly est aussi devenu depuis des années un porte parole de l’Afrique et s’adresse beaucoup à la jeunesse africaine en leur suggérant de ne pas fuir leur pays mais de se battre pour leurs droits et leur liberté, au travers de titres tels que ‘Ouvrez les frontières’ (« L’Africain », 2007), ‘Le prix du paradis’ (« Dernier Appel », 2014), ‘African Revolution’ et ‘Il faut se lever’ (« African Revolution », 2010).
En plus de ces anciens titres légendaires repris en coeur par tout le public, Tiken Jah Fakoly est aussi venu nous présenter son tout nouvel album sorti cette année et intitulé « Le monde est chaud ». De notre côté, on découvrira ainsi pour la première fois en live les morceaux ‘Pourquoi nous fuyons’, ‘Dieu nous attend’, ‘Ça vole’ ainsi que ‘We Love Africa’, avec toujours des textes engagés sur des sons reggae, avec de belles mélodies qui restent dans la tête, remises au goût du jour. L’artiste sait évoluer avec son temps et créer des titres indémodables qui touchent de plus en plus de monde !
Il termine sur le titre ‘Françafrique’ de l’album éponyme, et met littéralement le feu à l’Alhambra, jumpant sur scène avec cette énergie inépuisable qu’on lui connait, en faisant danser et chanter toute la salle ! Puis, il quitte la scène… Mais le public n’est pas prêt à s’arrêter comme ça et ne cesse de crier « Résistance » le point levé pour rappeler l’artiste.
C’est donc avec un dernier morceau qu’il reviendra, toujours extrait du dernier album, qui en est d’ailleurs le single et titre éponyme ‘Le monde est chaud’. Cette fois-ci, il ne dénonce plus les injustices et inégalités de l’Afrique mais un autre sujet qui fait l’actualité ces dernières années et qui concerne le monde entier : le réchauffement climatique. Comme il le dit si bien en introduisant sa chanson, « la planète nous parle » au travers des ouragans, des canicules… Mais nous refusons de regarder tout cela à cause de l’argent ! « Mais qu’allons nous laisser à nos enfants ? »
Il ne part évidemment pas sans remercier ses musiciens tous très talentueux, ainsi que les techniciens, sans oublier son public qui aura fait preuve d’une grande énergie qui semble l’avoir impressionné ce soir ! Et comment ne pas s’investir et donner autant d’amour à un artiste si généreux, humble et charismatique…
Cette soirée de clôture de la 6ème édition du Festival Couleur Café étaient parfaitement réussie et malgré nous avons failli ne pas pouvoir y accéder pour un soucis d’organisation du festival, ils nous ont finalement laissé cette opportunité et c’était un bel honneur ! Les sons dansants de Meiway et les messages intenses de Tiken Jah Fakoly nous auront transporté en Afrique le temps d’un concert et nous repartons le coeur rempli d’amour et les tête pleine d’espoir pour un monde meilleur…
Le président du festival reprendra rapidement la parole pour remercier de nouveau tout le monde et annonce déjà la 7ème édition qui aura lieu les 27, 28 et 29 Novembre 2020 ! Alors tenez vous prêt pour reprendre une bonne dose de vibes positives essentielles en ces périodes hivernales…
© Photos : On The Roots.